WWW.ONLALU.COM, Aline Sirba, mardi 15 mars 2016


« C’est le poète qu’on assassine »

« Serge Mestre n’avait pas l’ambition d’écrire une biographie de Federico García Lorca , non, son projet était bien plus original. En rendant justice aux trois autres assassinés par la garde franquiste la nuit du 17 août 1936, il peint l’Espagne du début des années 30, qui se permet un rêve et un espoir fous : devenir une république par la seule volonté de son peuple. […]

Pendant cette époque trouble, à la fois pleine de crainte et d’espérance, nombreux sont ceux qui s’exilent ; García Lorca, lui, reste, fidèle à son Andalousie qu’il poursuit partout où il se trouve, à l’affût de ses couleurs, de ses parfums et de son chant. Car là réside le mystère de son œuvre, nourrie de la modernité des ailleurs et enracinée dans les traditions populaires du pays natal.

Les compagnons d’infortune de García Lorca auraient pu être des personnages de son théâtre, que l’amour de la liberté a conduit à la mort. Avec leur assassinat, c’est la parole solaire et terrienne de tout un peuple qui est muselée. Serge Mestre l’a ressuscitée : écoutez-la, elle court comme l’eau d’une source, ensanglantée mais intarissable et éternellement belle. »