ELLE, Jeanne de Ménibus, vendredi 11 mai 2018


« Coup de cœur : L’amant de l’Indochine du Nord »

« Alexandre était parti, bardé d’idéal et d’esprit d’aventure, défendre en Indochine la France coloniale. Là-bas, aux côtés de Diop, un compagnon d’armes sénégalais, il a connu l’horreur, “Verdun sous les tropiques”. Mais il a rencontré Maï Lan, fille à soldats, “femme inattendue”, qui riait et dansait au bord du gouffre. Ils se sont éperdument aimés. Après la débâcle de Diên Biên Phù, il a bien fallu rentrer en France, où Mireille l’attendait. Méconnaissable, décillé, Alexandre a entamé une autre guerre, contre lui-même cette fois, pour tenir bon dans son mariage, construire une famille et oser s’engager pour la fraternité des peuples. Vingt ans durant, il a donné le change. Il n’y tient plus. Le voilà de retour à Hanoi, déambulant entre le pont Paul-Doumer, où Diop le sauva de la mort, et l’hôtel Normandie, théâtre de ses rendez-vous avec Maï Lan, espérant la retrouver et, plus sûrement, se retrouver lui-même. Né au Cameroun, Marc Alexandre Oho Bambe – Capitaine Alexandre de son nom de scène – est poète et slameur. “C’est seulement lorsqu’on éprouve chaque phrase, dans son corps et son cœur, qu’on sait qu’on y est. Au mitan de nous-mêmes et de nulle part, là où naît, peut-être, la littérature”, écrit-il. Dont acte. Son roman en oxymores nous emporte par son mouvement chaloupé vers des contrées émotionnelles dont la pureté désarme, pour une ode bouleversante aux valeurs trop souvent désertées. »