LE JOURNAL DU DIMANCHE, Laëtitia Favro, dimanche 10 janvier 2016


« Les deux Joseph »

« La romancière retrace le parcours de son arrière-grand-père, Joseph Davrichachvili, aviateur et agent secret, dont la destinée fut intimement liée à celle de Staline.
[…] S’ils sont animés d’un même élan patriotique, d’abord incarné par les bandits de la tradition orale caucasienne puis par la révolution bolchevique, leur inimitié croissante les engage sur des voies distinctes, qui ne cesseront pour autant de se croiser. […]
Quel homme était-il, cet aïeul mythique et distant, capable des pires lâchetés comme de la plus grande bravoure, séducteur impénitent, exilé contraint, aventurier et père absent ? Quand l’auteur choisit d’enquêter sur cette branche de l’histoire familiale, rares sont les vivants capables d’éclairer l’énigme d’une existence d’une complexité telle que la fiction semble un recours naturel et nécessaire.
Puisant dans ses souvenirs, dans les archives et dans l’évolution sémantique de son patronyme le moindre indice utile à son entreprise de mémoire, Kéthévane Davrichewy retrace les jeunes années de cet « autre Joseph » grandi dans l’ombre de Staline, des premières bagarres dans les rues de Gori aux défilés militants sur fond rouge. La voix de l’auteur, juste, empathique et d’une émouvante sensibilité, accompagne tout à tour son lecteur et son héros dans les méandres d’une existence bouillonnante partagée entre cultures géorgienne et française, prise dans les remous de l’histoire du XXe siècle. »