ALERPRESSE, Emmgé, lundi 15 janvier 2018


« Le nouveau roman de Yanick Lahens Douces déroutes, un thriller envoûtant et déroutant »

« Les personnages du nouveau roman de Yanick Lahens Douces déroutes évoluent tous dans la ville-capitale Port-au-Prince en proie parfois à des violences contrôlées, mais où de très belles rencontres ne sont jamais loin car la ville, bien que délabrée, chiffonnée par le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, garde quelques beautés intérieures, des  fraîcheurs succulentes qui attirent des habitués du monde entier qui veulent percer l’épais mystère de ce pays qui, aux yeux de plus d’un, est insaisissable à tout point de vue ; charriant des contradictions à n’en plus finir et déconcertant même des chercheurs les plus madrés. […]
Le roman de Yanick Lahens n’est pas seulement urbain, il est aussi sociologique, d’une lucidité topographique à toutes épreuves. Port-au-Prince est racontée sur toutes les latitudes économiques, sociales, amicales, classe moyenne et bourgeoise, un kaléidoscope explosif dont l’auteur dresse un inventaire particulièrement négatif sans tomber dans un pessimisme dévastateur. Il faut dire heureusement qu’avec l’auteure on est entre de bonnes mains. Elle n’est jamais tombée dans les caricatures que l’on voit dans d’autres romans parlant de notre pays. C’est toujours avec respect et bienveillance qu’elle décrit une réalité, la nôtre, avec autant de candeur que de connaissances sociologiques. On ne saurait parler de cette ville bouillonnante de vie si on n’entretient pas des rapports amoureux avec elle. […]
Port-au-Prince et ses rues, que l’on peut allègrement confondre avec les trottoirs, des scènes de la vie courante parfaitement emboîtées dans un carnaval de portraits juxtaposés à nos délirantes et cyniques actualités autour des crimes les plus médiatisés. Yanick Lahens à l’habitude de promener son regard acéré sur nos désœuvrements comme sur nos richesses, pour en faire des plus beaux récits. À ceux qui oublient vite, possédant des mémoires défaillantes, elle les a rafraîchies, déployant une époustouflante érudition. […] Dans cet édifice romanesque, c’est l’insécurité qui préoccupe l’auteure. Elle place le curseur sur nos faits et gestes, un réquisitoire sévère de nos dérives en la matière. Ah, Yanick Lahens sait mettre avec maestria les mots sur nos maux, tenant une comptabilité fiable. On croise des personnages issus des entrailles sociologiques Haïtiennes avec leurs travers, leurs blessures, leurs chimères, leur mal de vivre, parfois leurs misères qui sillonnent les rues de la ville. […] »