LA MONTAGNE, LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE, LE JOURNAL DU CENTRE, L’ÉCHO RÉPUBLICAIN, LE BERRY RÉPUBLICAIN, Muriel Mingau, dimanche 14 janvier 2018


« Vision délicate et pertinente du monde »

« Avec Douces Déroutes, Yanick Lahens raconte Haïti et le monde, avec un mélange de lucidité, d’élégance et de tendresse. Un roman délicat et poignant.
Qui ignore la misère, les violences et l’injustice qui sévissent à Haïti ? Dans l’imaginaire, cette île pourrait même devenir le symbole de ces fléaux qui, bien sûr, frappent ailleurs. Alors les écrivains haïtiens ne cessent de témoigner de leur pays, l’interrogeant, s’interrogeant. Yanick Lahens le fait avec une grâce particulière.
Dans son nouveau roman, cette auteure, lauréate du prix Femina 2014, observe à la loupe la société haïtienne actuelle. Au fil de son écriture élégante et finement poétique, elle en fait pénétrer tous les milieux, des habitants pauvres aux hommes politiques, de loi, journalistes, artistes, maffieux, tueurs. Elle fait ainsi decouvrir les différents quartiers de Port-au-Prince, la capitale, zones résidentielles et miséreuses, ainsi que les villes où certains font fortune grâce à un nouveau fléau, la drogue.
L’histoire commence avec le meurtre d’un juge. Tandis que l’enquête se poursuit de manière improbable en ce pays de non-droit, le lecteur découvre son entourage, son beau-frère, Pierre, sa fille Brune, chanteuse, et tant d’autres personnages, reliés par des affects. Ils sont ballottés par un sourd mal de vivre, en terre où pour continuer à exister il faut fermer les yeux.
Yanick Lahens ne juge pas. Elle peint avec lucidité, tout en aimant ses personnages prisonniers du destin de leur île. Donnant encore plus de dimension au livre, elle replace Haïti dans la perspective d’un monde qui se durcit partout, évoquant d’autres societés qui perdent de leur liberté au profit d’une violence, comme celle des attentats en France. »