BLOG LIRATOUVAZ MANGO, HELLOCOTON.FR, samedi 5 avril 2014


« Ils se tiennent aux quatre coins de la pièce. Ce n’est pas intentionnel, ça s’est trouvé comme ça. Chacun fixant une ligne imaginaire, et pensant à quoi ? Ils ne se regardent pas à ce moment précis, ils n’ont plus de lien. Somanges, la maison de leur enfance, se dématérialise sous leurs yeux. La pièce s’est vidée de leur chair, des blessures et des rires. Il reste le squelette de ce qui fut leur foyer.

Ainsi s’ouvre ce beau récit sur une fratrie nouvelle dont je viens de faire la connaissance. Une de plus ! Il faut dire que c’est un sujet qui m’intéresse vivement, tout en me troublant toujours beaucoup. Les détails diffèrent à chaque fois, bien sûr, mais la réalité demeure la même : après une vie familiale fusionnelle et intense, arrive le moment de la séparation définitive, insidieuse ou violente lors de la vente de la maison d’enfance. Le plus souvent comme ici, le père est mort, la mère ne peut plus rester dans la maison trop grande, les enfants se réunissent une dernière fois pour le déménagement. Ils sont quatre qui s’agacent et se déchirent. Les aînés ont réussi, les jumeaux ont des difficultés. La mère veut laisser à ces derniers une part d’héritage plus importante en raison de leur fragilité. L’étincelle est ainsi rallumée pour l’explosion des secrets, des rancunes, des regrets, des silences butés et des révélations. Saul, Hélène, Réna et Élias chacun racontera sa version. Ensuite, après deux ans de silence, la mère les réunit en Grèce dans la maison du fils aîné. Réussiront-ils à briser leur solitude ? Sauront-ils reconstituer leur belle alliance d’autrefois ? Pas si sûr et pourtant, il suffirait de si peu de choses… se dit-on de l’extérieur ! La fin reste ouverte.

Belle sensibilité de l’auteur, style épuré, bien petit volume sans doute (180 pages) pour une telle saga mais récit choral modeste et pudique qui a réussi à m’attacher.

Trop nombreux pour que je les énumère, les billets lus jusqu’ici sont tous élogieux… »