BLOG MEDIAPART, Frédéric L’Helgoualch, dimanche 5 février 2023


« La Furieuse : au fil de l’eau. Exquise échappée de Michèle Lesbre »

« C’est si loin que j’en ai le vertige, mais les petites filles ne désertent pas le corps des vieilles dames. »

« « Tu n’es plus un enfant », ai-je entendu ce matin, dit par une voix adulte et sévère. Nous avons tous entendu, peut-être même prononcé, cette phrase cruelle qui annonce une sorte de fin du monde. Soudain le temps se met en marche. Il nous pousse vers un horizon incertain. Alors il faut inventer des actes de résistance. Il s’agit d’être encore et toujours au plus près de soi, de ce commencement de tout qu’est l’enfance, cette conscience lumineuse qui confond l’éternel et l’éphémère, le rêve et la réalité. » Elle ira trouver la Furieuse, nouvel acte de résistance intime posé. Cette rivière chevauchant Jura et Doubs, cette rivière au débit nerveux qu’aurait pu peindre le local Gustave Courbet, amoureux de la Loue. Elle ira à sa rencontre au printemps (« Je crois entendre le bruit infernal de son courant à la fonte des neiges »), voyage programmé c’est entendu, bien qu’elle soit étrangère à l’histoire de cette fille de la Loire. Quoique… « Elle ressemblait à mes nuits agitées. Je l’entendais hurler les mots à ma place, ils recouvraient les cris lointains de mon père, ces cris qui ravageaient notre enfance et le tuaient aussi sans doute peu à peu, ces cris qui m’auront peut-être empêchée d’aimer les hommes comme j’aurais voulu les aimer. » Son nom aura suffi à piquer la curiosité de l’auteure du Canapé rouge, lui remémorant les siennes, de fureurs. Passées, actuelles. Les mots produisent parfois d’inattendus échos, mystère aussi grand que le jaillissement soudain des souvenirs. Cela aurait pu être Vannes, au jeu des résonances. Ce sera La Furieuse. Une histoire d’eau. D’affluents, de débordements. De paix temporaires, aussi.

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