BABELIO, jeudi 2 février 2023


L’eau comme encrier, la voix venue du royaume de l’enfance.

L’œuvre d’une vie, des pages lumineuses d’un éternel été d’une petite fille et d’un grand-père au bord d’un étang où il suffisait de pêcher pour ralentir le temps.

Le récit La Furieuse, rives et dérives de Michèle Lesbre est pour moi un choc émotionnel dans ma vie de lectrice tant il me touche.

C’est un merveilleux livre ouvert en deux voyages, les voyages immobiles avant le départ et le séjour près de la Furieuse dans le Doubs, à écrire.

Dans la malle des souvenirs de l’écrivaine en partance, ce sont des émotions, des voyages, des lectures, des amitiés, des éternels vagabondages qui sont le terreau incandescent de sa belle écriture.

Dans ce texte sublime aux mille citations merveilleuses, dans le pays de sa mémoire et de son âme, Michèle Lesbre nous fait sentir de manière poignante la nostalgie d’une époque, le temps précieux, sa fuite, la vieillesse « Il faut du temps pour se bâtir un monde, même imaginaire ».

le récit de Michèle Lesbre est très court mais d’une telle intensité marquante que je peux dire moi aussi « Il y a dans les livres des pistes inattendues qui soudain nous racontent nos vies, du moins se raccrochent à elles. »

Sur place, près de la Furieuse, c’est un voyage vers l’eau comme un miroir aux souvenirs. Une onde éphémère, des traces, une émotion tenace. Et lui reviennent toujours des souvenirs d’un ailleurs. Des anecdotes, des lieux, des paysages qui n’existent plus, des états éphémères qui la replongent intensément dans le passé.

Ecrivaine et éternelle passagère, Michèle Lesbre affirme comme jamais sa liberté et ses désirs d’aller là où ses pensées la font aller. Aimer et ne pas aimer.

Un ciel bleu de sensations et d’images. Des émotions. Ecrire à l’endroit parfait. Un lieu transitoire. Un hôtel. Une péniche. Et d’autres voyages. Emotionnels, littéraires, géographiques.

La Furieuse, la rivière du Jura. Elle me manque déjà.

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