BLOG SANS CONNIVENCE, Pierre Darracq, lundi 24 octobre 2016


« Vincent Borel, l’auteur de Fraternels s’est posé devant les journaux, a lu et regardé le monde tel qu’on arrive à se le représenter dans le prisme d’articles divers et variés. De ce magma d’informations loin d’être rassurantes, il a fermé ses yeux de créateur et s’est imaginé ce que ces fous furieux d’intégristes religieux, ces esclaves des nouvelles technologies, ces grands chefs d’entreprises cyniques, ces industriels qui pillent notre planète allaient pouvoir devenir dans une bonne décennie. Et comme il se refuse de céder au pessimisme, ce vraisemblable adepte du siècle des Lumières a imaginé un avenir qui ne chante pas forcément mais où quelques humains arrivent à avoir un sursaut de bon sens, voire d’humanité. Bienvenue dans 550 pages d’anticipation romanesque échevelées. […]

Fraternels, on le devine, est un roman choral. Nous suivrons ces destins dans un monde trouble, dangereux, en proie à un consumérisme porté à son paroxysme. Mais une sorte de chaos pointera son nez, remettant presque les compteurs à zéro. Notre conteur, lui, s’en donne à coeur joie, jouant comme un démiurge rigolo à faire vivre ses personnages avec autant de brio que d’acuité. Car derrière une inventivité à toute épreuve, se glisse une très belle réflexion sur notre monde qui, si l’on n’y prend pas garde, risque de tourner comme il le prédit. Mais la vie n’est pas un roman, ou alors noir. Alors, plutôt que de sombrer dans une sinistrose trop contemporaine, Vincent Borel, fabuliste joyeux, espère des hommes de bonne volonté, qui dévieront ce chemin, aidés à la fois par leur bon sens, leur part de mysticisme et la science. Le roman a du souffle […]. J’ai tourné les pages avec gourmandise. L’émerveillement, les surprenants rebondissements, l’inventivité très maîtrisée et quasi plausible de l’ensemble m’ont épaté.

Si l’anticipation ne vous fait pas peur, si vous aimez que l’on vous raconte des histoires originales, crues, pertinentes, si vous aimez aussi que l’on mette en perspective cette avalanche d’informations qui envahissent vos smartphones ou tablettes, coupez tout ! Posez-vous dans un fauteuil, un lit, une plage et ouvrez Fraternels, car en plus d’un beau titre, vous découvrirez une fantaisie politico/religieuse intense. »