ELLE, Pascale Frey, vendredi 15 avril 2016


« Lorca retrouvé »

« Serge Mestre conte les derniers jours du poète Federico García Lorca et les rêves de révolution espagnole.

Alors qu’il est habite depuis longtemps par son personnage, Serge Mestre n’avait jamais mis les pieds à Grenade où Federico García Lorca a été assassiné en 1936, mais il est hanté par la colline où il fut tué à Ainadamar, ce qui signifie en français « la fontaine aux larmes ». Un nom prédestiné. Mais pas de plaque commémorative, pas de tombeau non plus, puisqu’il fut enterré dans une fosse commune, dont on ignore la localisation. « C’est un poète que j’ai découvert à l’école, se souvient Serge Mestre, et qui symbolise l’horreur que fut la guerre civile espagnole. Son histoire entre aussi en résonance avec celle de mon père, espagnol et républicain et qui fut obligé de fuir son pays. » Traducteur, écrivain, Serge Mestre tournait autour de ce livre depuis plusieurs années : « Je voulais donner une autre image de Lorca que celle de l’homosexuel évaporé. Ce fut aussi un homme engagé, humaniste, et son assassinat est politique. » Serge Mestre s’est imprégné des mots de Lorca pour « trouver une écriture qui soit digne de lui ». Pari réussi. Il a également enrichi son histoire de personnages imaginaires et a voulu donner une sépulture digne de ce nom à cet homme éclectique, fou de musique (sa vocation), ami de Dalí et de Buñuel, et dont l’œuvre et le nom restèrent interdits en Espagne jusqu’à la mort de Franco. »