LIVRES HEBDO, Kerenn Elkaïm, vendredi 8 avril 2016


« Avant-portrait : Sens de l’innocence »

« La vie de Rosamund Haden est étroitement liée à celle de son pays, l’Afrique du Sud, où ses héroïnes blessées doivent apprendre à se relever.

[…] Le titre […] évoque selon Rosamund Haden « la saveur douce-amère de l’écriture et de la vie. Les artistes me fascinent par leur capacité à se réinventer. » Le roman s’ouvre sur la mort d’un peintre. Ce destin brisé confronte ceux qui l’ont côtoyé à leur fragilité. Françoise est son modèle préféré. « Or elle a beau offrir la nudité de son corps, nul ne s’interroge sur son existence cachée. » Ce contraste conduit la romancière à « explorer la façon dont le passé affecte le présent. L’écriture est révélatrice de mystères… » Celui de Françoise est lié à sa sœur Doudou. Ces réfugiées rwandaises sont des rescapées de l’horreur, mais comment se recréer une nouvelle identité en Afrique du Sud ? « Elles rêvent de stabilité, alors qu’elles sont restées des enfants. » C’est aussi le cas de Stella, l’autre voix de ce roman fin et féminin. Incapable de faire le deuil de sa mère, elle revisite les seuils de son enfance pour saisir la perte de son innocence. « Telle est la condition pour se libérer et avancer vers la nouveauté », estime l’auteure.

La magie de l’amour inonde également abondamment ses pages. « Ce n’est pas à l’Autre de nous sauver, mais l’amour est une rédemption. En décongelant nos cœurs, il est porteur d’un nouveau souffle de vie. La peur d’aimer est liée à une mise en danger, or mes héroïnes devront accéder à leurs sentiments verrouillés, pour renaître sous un autre jour. » »