FRANCE INTER, Emmanuel Khérad, de 43’30’’ à 54’24’’, samedi 13 septembre 2014


« La Librairie francophone »

« E. K. : […] Alors, on fait un petit tour du monde avec vous : on part en Grèce, en Algérie, aux États-Unis, au Canada. Nos disparus laissent des souvenirs en nous, c’est ce que vous démontrez. Comment ces souvenirs nous construisent-ils d’après vous Catherine ?
C. M. : J’avais l’impression que je devais écrire un livre où j’expliquais que les morts continuent à nous parler. […] Je crois qu’on se construit précisément en faisant un peu table rase de la colère et de la rage.
E. K. : Ce père, vous le décrivez comme un vrai cosmopolite. […]
C. M. : Oui, ce personnage, pour moi, était quelqu’un d’absolument libre. […] La leçon, je crois, du livre  – s’il y a une leçon parce que je ne crois pas qu’il y en ait beaucoup, mais s’il y en a une – il faut suivre un peu cette folie et cette liberté-là que Vassili incarne.

Céline Besson (librairie L’Étage, Yverdon-les-Bains, Suisse) : Moi, j’ai été happée de la première à la dernière ligne. À la fin du roman, immédiatement m’est venue en tête cette citation d’Oscar Wilde qui dit : Les enfants commencent par aimer leurs parents, en grandissant ils les jugent, quelquefois ils leur pardonnent. Catherine Mavrikakis, avec une écriture vraiment lumineuse et très sensible, nous fait voyager à la fois dans ce chemin spirituel-là, mais aussi littéralement sur les routes et les mers du monde entier. C’est un livre fort, très émouvant, un peu magique aussi et moi j’ai vraiment adoré. […]

Déborah Damblon (librairie La Licorne, Bruxelles, Belgique) : Moi il ne m’a pas fallu beaucoup de pages pour tomber sous le charme de Vassili, parce que quel séducteur ! Et puis, j’ai tout particulièrement apprécié la construction du roman, le côté un peu éclaté du récit parce que j’ai trouvé qu’en nous faisant voyager dans le temps et dans l’espace, eh bien vous arriviez à donner un rythme vraiment particulier aux souvenirs et même un côté haletant, je dirais, au livre qui s’avale vraiment d’une traite. […]

Matthieu Colombe (librairie Goulard, Aix-en-Provence) : Alors, à la grande différence de mes camarades, j’ai adoré ce livre. Je ne l’ai pas lu, je l’ai gobé. J’ai aimé le fait qu’il emprunte aux grands romans-fleuves américains, cette volonté de transcender les générations. Il y aussi le fait que le livre soit complètement glauque et gluant quand on le commence et qui s’illumine au fur et à mesure qu’on s’enfonce dedans. Enfin bref, c’est une gourmandise qu’on ne devrait pas rater. […]

Manon Trépanier, (librairie Longueil, Montréal, Québec) : Oui, j’ai adoré Emmanuel. Moi aussi ça m’a beaucoup touchée la façon dont Catherine Mavrikakis met le temps hors de ses gonds, fait revivre son père, qui, oui, est un personnage hautement romanesque. Mais contrairement aux autres, moi j’ai été particulièrement touchée par le personnage de la femme et la façon dont elle prend soin de la petite fille qu’elle a été. Elle lui redonne vie aussi à cet enfant-là. C’est vrai que c’est un magnifique voyage dans le temps et dans l’espace. C’est un beau message au niveau des références à la fois méditerranéenne, à la fois nord-américaine et le souci constant du mot juste, il faut le souligner. En tout cas, c’est une grande richesse ce texte et c’est probablement, Catherine Mavrikakis, votre roman le plus lumineux. En tout cas, c’est mon préféré.

[…] C. M. : Moi, je voulais montrer une structure où il y a beaucoup de disparates parce que je voulais montrer la vie de cet homme-là. Ce n’était pas un fil chronologique. […] Je tiens beaucoup à cette structure-là parce que je crois qu’elle rend bien compte de la structure d’une mémoire obsédante.
E. K. : Oui, elle donne du relief à la mémoire. »

Écouter l’émission