LA CROIX, Claire Lesegretain, jeudi 24 septembre 2015


« Ce roman indonésien est surprenant à bien des égards. D’abord parce qu’il plonge son lecteur dans une culture méconnue, riche d’une grande liberté d’imagination et d’un souci du plus petit détail. Ensuite parce que son ryhme lent, parfois même répétitif, ne provoque ni ennui ni agacement, au contraire… Il se présente comme un roman policier, mais sans aucun suspense puisque l’on sait dès la première page que c’est le jeune Margio qui a sauvagement assassiné Anwar Sadat, son voisin libidineux et père de la belle Maharani, dont Margio est secrètement amoureux. Mais il s’agit surtout d’un formidable roman psychologique qui s’attache à faire comprendre la lente évolution intérieure de l’assassin, tiraillé entre sa haine pour sa brute de père et son dépit honteux envers sa mère dépressive. Un tiraillement qu’il explique à sa manière en affirmant aux policiers venus l’arrêter qu’il est possédé depuis quelque temps par un tigre blanc. Un beau récit, magistralement construit, qui permet à Eka Kurniawan de faire découvrir ce qui fait le quotidien de son pays. »