LA PRESSE, Nathalie Collard, dimanche 19 mars 2023


Au début était Ève

En France, les philosophes n’ont pas peur de prendre la plume pour se frotter à la fiction. Camille Froidevaux-Metterie vient de se joindre à ce club sélect. Philosophe et professeure de science politique, auteure de plusieurs essais (dont son plus récent, Un corps à soi), elle fait paraître un premier roman qui aborde des thèmes qu’elle a déjà abordés sur un plan plus théorique : le corps féminin, la condition des femmes, les rapports de pouvoirs…

Le point de départ de Pleine et douce : la naissance d’une petite fille, Ève la bien-nommée, conçue grâce à la procréation assistée. Sa mère, Stéphanie, voulait un enfant, mais pas la vie de couple qui vient avec.

Comme dans la Belle au bois dormant, des fées se penchent sur le berceau de la petite. Tour à tour, l’auteure fait parler les figures féminines qui entourent Stéphanie. À travers leurs mots, ce sont toutes les facettes de la vie des femmes, à tous les âges, qui sont abordées : maternité, relations amoureuses, sexisme, violence, acceptation de soi… Un chœur féminin dans lequel même la voix du bébé s’exprime et partage ses observations (parfois rigolotes) sur ce nouveau monde qui l’accueille.

En toile de fond : l’idée de la transmission. Entre les mères et les filles, bien sûr, mais aussi à travers d’autres liens, choisis ceux-là, et qui sont tout aussi importants dans la vie des femmes.

Sur le plan du style, très classique, on sent que l’essayiste n’est pas très loin. Normal, c’est un premier roman. Camille Froidevaux-Metterie intellectualise beaucoup et on sent parfois les concepts derrière ses personnages. Mais ce premier roman est assez réussi pour souhaiter que la philosophe en écrive d’autres.

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