LA VIE, Yves Viollier, jeudi 12 avril 2018


« « Diên Biên Phù, joli nom pour un naufrage », ainsi débute le récit. Son narrateur se battait, là-bas, avec les soldats de la coloniale. Il a connu l’enfer des 57 jours et nuits dans le camp retranché, puis la défaite. Les collines à défendre avaient de jolis noms, Gabrielle, Huguette. Il est tombé, gravement blessé, sur le pont Paul-Doumer. Et son camarade Alassane Diop, le Sénégalais revenu sur ses pas, l’a sauvé. Le narrateur retourne au Vietnam 20 ans après, car il y a laissé l’amour de sa vie, Maï Lan. Elle était ce qu’on appelait avec mépris une fille à soldat. Il l’a aimée, il l’aime encore. Il veut la retrouver. Comment peut-on encore aimer en temps de guerre ? Ils étaient heureux en enfer. Les mots claquent comme des balles et des baisers. Avec une grande force. Le pèlerinage du héros à la recherche de son grand amour ressemble à un long chemin de croix et à une montée vers la lumière. Marc Alexandre Oho Bambe, alias Capitaine Alexandre, d’origine camerounaise, est par ailleurs poète et slameur. Son roman renoue avec les grands récits lyriques. Il en a la musique et la nostalgie. Il chante la douleur de ces hommes de la coloniale embarqués dans une guerre qui n’était pas la leur. Il parle de patrie, d’honneur, « résistance n’est qu’espérance ». Les mots dansent en refrains poétiques : amour, Maï Lan, frère, frère d’âmes, frère d’armes. Et il y aura finalement les retrouvailles avec M. Pho, l’ennemi d’hier… Un récit bouleversant. »