L’ALSACE, Jacques Lindecker, lundi 5 octobre 2015


« Merveilles : L’immense étonnement de l’amour »

« Ils s’aimaient. Dans les Alpes autrichiennes ou dans une ville italienne. La vie et la mort firent leur affaire de ces cœurs purs. Robert Seethaler et Antonio Moresco nous emportent dans leurs récits déchirant de pudeur et de sensualité.

En février 1933, quelque part dans les Alpes autrichiennes. C’est à l’auberge du Chamois d’or qu’Andreas Egger vient requinquer son âme effrayée après avoir tenté, en vain, de sauver un chevrier de la mort. C’est là que Marie, la servante de l’auberge, va lui effleurer l’avant-bras d’un pli de son corsage… et cet effleurement sera la cause d’une petite douleur aiguë qui ne va plus cesser de grandir, irradiant tout le corps d’Andreas, avant de se fixer quelque part au niveau du cœur. La plus profonde douleur que cet homme ait jamais connue.

Pourtant, la souffrance, Andreas connaît. Toute son enfance, il a été battu comme plâtre par Kranzstocker, sa brute de tuteur (sa mère est morte alors qu’il n’avait que quatre ans). Coups qui ont même rendu le gamin boiteux après une correction particulièrement démentielle…

Pour ses dix-huit ans, Andreas, devenu un colosse à force de trimer comme un esclave pour Kranzstocker, a fini par lui tenir tête, et par fuir l’enfer. Depuis, il loue ses bras en toute saison et à toute occasion.

Quand il rencontre Marie, Andreas a trente-cinq ans. Pour la conquérir, pour lui prouver son sens des responsabilités, il se fait embaucher par l’entreprise qui construit, au nom du progrès, les premières remontées mécaniques. C’est grâce à ses collègues qu’il va, dans une scène d’une émotion absolue, littéralement déclarer sa flamme à Marie. Et bientôt ces deux-là vont s’aimer d’un amour aussi pur que l’air de leurs montagnes. Une montagne qui saura se montrer bien cruelle… »