LE BERRY RÉPUBLICAIN, François Lesbre, mardi 23 janvier 2024


Ce mercredi 24 janvier, vous aurez l’occasion de rencontrer et de vous faire dédicacer son dernier roman En vérité Alice  à 18h30, à la librairie Bifurcations, à Bourges. Ce livre évoque l’emprise que subit une femme dans son couple mais aussi une histoire de saints.

« Ma cousine travaille vraiment dans un promotorat des causes des saints. J’ai trouvé l’idée du roman ainsi. Tout est centré sur le personnage d’Alice, sur sa difficulté à sortir de cette emprise. Elle est très sûre d’elle au début, puis rencontre des figures qui lui montrent la lumière. Je voulais lui faire découvrir la vie. J’aime aborder des terrains vierges. Sans prosélytisme. Les saints emmerdent l’Église. Ils sont passés de l’autre côté », déclare la romancière, scénariste et biographe.
Alice pourrait-elle être canonisée ? « Elle se pense comme telle, mais se fourvoie complètement. Elle se croit sainte, car elle se dévoue à son homme. Elle doit se vérifier à travers la lumière des autres, tout en passant par les couloirs des erreurs. »

Savoir dire non
L’enjeu est aussi que l’héroïne arrive à dire non. « Le non est le plus haut degré de l’amour. Ce non va lui permettre de s’affranchir, de se libérer pour mieux vivre l’amour par la suite. J’ai beaucoup travaillé sur l’emprise, ces hommes qui soufflent le chaud et le froid, qui provoquent une sorte d’endormissement et qui bouffe l’énergie de l’autre. »

Comment se déroule son écriture ? « Quand on est romancière, on s’ouvre à tous les outils de l’écriture. En tant que scénariste, je sais faire des dialogues, mais je me nourris aussi de poésie contemporaine. Toutes les lectures apportent des possibles. Dans le roman, il y a de l’actualité, du dehors qui cogne à la vitre et à la bulle d’Alice. Dans ce livre, je voulais un personnage englué mais avec un roman qui avance. Cela pulse, il y a de la tendresse, des moments drôles. C’est un voyage au pays des saints ».

Tiffany Tavernier a effectué un gros travail de documentation comme elle a coutume de le faire, mais de manière plus poussée encore. « Ensuite, je rassemble tout, j’élabore un plan avec l’emprise comme fil rouge. » Ceci dans un contexte personnel particulier. « J’ai perdu ma mère et mon père. L’écriture a été fluide, mais dans une sorte de deuil. »

L’écrivaine voue un culte à António Lobo Antunes, écrivain et psychiatre portugais, et à Laurent Mauvignier. Son film préféré ? Une journée particulière d’Ettore Scola. « C’est assez d’actualité ».

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