LE CANARD ENCHAÎNÉ, André Rollin, mercredi 27 août 2014


« Le fil de Marjorie »

« Marjorie, petite fille, jeune femme, est l’héroïne de ce roman, un premier, qui imprègne comme un parfum entêtant. Marjorie est là, silencieuse, inquiétante.

Son histoire commence en plein soleil, des vaches, les grandes dames beiges, la regardent en mâchant. Marjorie, alors toute jeune, ne fait pas attention aux barbelés qui entourent le champ : Il y a ces fils d’acier, hérissés par endroits comme des pattes d’araignées mortes. Elle se griffe. Restera une cicatrice qui sera comme la marque de ce texte magnétique…

Son premier amour, avec Thomas, se termine en catastrophe, d’une manière fort drôle et sarcastique. Le ton est donné. Rien ne sera normal dans cette histoire hérissée de souvenirs lointains et d’événements étranges. Marjorie laisse ses parents mijoter dans leur jus provincial. Montée à Paris, elle deviendra même major de sa promotion à l’ENA. Un ministre l’utilise comme sa plume. Mais un SMS vient tout bousculer, sa mère, absente depuis des années, lui demande de venir vite, car son père est mourant.

Commence alors une fuite éperdue et troublante. Au volant de sa grosse voiture, Marjorie prend l’autoroute. […] Elle bifurque sur une route départementale, sans raison apparente, aspirée par une force étrange. C’est la nuit. Un choc. Elle vient de renverser et de tuer un grand cerf. Elle hurle quand, sous les essuie-glaces, le sang s’étale et mousse comme une pluie vermeille et rose.

C’est le début d’une tragédie qui expédie Marjorie dans un temps dévasté. Tout va se dérégler. […]

Voilà un premier roman étrange, envoûtant, qui griffe. »