LE CANARD ENCHAÎNÉ, Paul Leclerc, mercredi 23 mars 2022


Gustav Mahler va mourir, et il le sait. Le compositeur et chef d’orchestre scrute l’océan depuis un pont de l’« Amerika », le paquebot qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York. Fiévreux, perclus de douleur – il l’est depuis sa naissance, en 1860 –, l’artiste ausculte sa vie professionnelle, les dix ans passés à diriger l’Opéra impérial de Vienne, « à discipliner le meilleur et le plus récalcitrant des orchestres du monde », puis la gloire en Amérique, et le triomphe de sa « Huitième ».

Mais Mahler songe aussi à ses tourments, la mort de sa file Maria, sa relation chaotique avec sa femme, Alma, laquelle « affolait la moitié de la ville » par sa beauté, sa brève consultation d’un psy nommé Freud, la célébrité, qu’il exècre.

Aussi inspiré que documenté, ce court requiem à la plume impeccable résonne longtemps.