LE DEVOIR, Christian Desmeules, samedi 18 avril 2020


« Le champ, c’est ainsi que beaucoup de gens nommaient la partie la plus ancienne du cimetière de Paulstadt, petite ville autrichienne fictive. Presque chaque jour, un vieil homme y flâne parmi les tombes, avant de s’asseoir sur un banc à l’ombre d’un bouleau tordu et de laisser son esprit vagabonder.

Artisans, fleuriste, facteur, employés, fonctionnaires municipaux, il a connu personnellement, sinon croisé, plusieurs de ceux qui y reposent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Il se disait que l’homme n’était peut-être en mesure d’évaluer définitivement sa vie qu’après s’être débarrassé de sa mort. »

Mais dans Le Champ, troisième roman de Robert Seethaler traduit en français, après Le Tabac Tresniek (Sabine Wespieser, 2014) et le magnifique Une vie entière (2015, finaliste au prix international Man Booker), de quoi peuvent bien nous parler les morts, sinon de la vie elle-même ? De leurs joies et de leurs déceptions, de leurs victoires comme de leurs regrets. »