LE FIGARO LITTÉRAIRE, jeudi 21 janvier 2016


« Frères ennemis », « La chronique d’Étienne de Montéty »

« […] Le roman de Kéthévane Davrichewy n’est pas une grande fresque sur une génération éprise de liberté. L’épique n’est pas son genre. Au fil des pages, la Géorgie, Joseph, Sosso, l’Europe sens dessus dessous, tout cela laisse place à l’intime. L’auteur prend discrètement place dans son récit, sur un strapontin, et nous fait quitter la grande galerie des batailles pour des pièces plus chaleureuses, salon, boudoir, chambre à coucher. L’écriture sobre, presque blanche, prend des couleurs avec l’irruption du « je ».
Des questions plus profondes la prennent. Quelle descendance a laissée celui qui fut son arrière-grand-père ? Généalogiquement, c’est clair, ou peu s’en faut […]. Mais plus profondément ? À part un nom follement romanesque, quel héritage, biologique ou symbolique ? Cet homme impérieux, avec qui selon le mot de Stendhal « c’était tous les jours tempête« , parcourut l’Europe, fut apprenti activiste, laveur de carreaux, figurant, aide bibliothécaire aux Langues O ? De quoi est fait le sang qui coule dans les veines de Kéthévane et dans celles de ses enfants ? Celui d’un héros, d’un soudard ? Doit-elle l’admirer, le blâmer et, par-delà le temps, l’aimer ? C’est à une bien étonnante enquête de « grand-paternité » que se livre Kéthévane Davrichewy. »