LE MAGAZINE LITTÉRAIRE, Juliette Poizat, octobre 2012


« Une Amérique mortifère »

« Le condamné à mort de Victor Hugo, anonyme et arrêté pour un crime inconnu, expiait sa faute dans la solitude d’un monologue intérieur. En dépit de la résonance hugolienne du titre, le dernier roman de Catherine Mavrikakis évite toute anatomie des pensées du condamné à mort Smokey Nelson, meurtrier d’une famille dans un motel de la banlieue d’Atlanta. De même que celui-ci refuse, au moment de mourir, de faire d’ultimes déclarations : le criminel reste emmuré dans une geôle de silence durant tout le récit. La romancière américaine, d’origine française, croise ses influences en transmuant le soliloque romantique d’Hugo en une chorale faulknérienne. Ne poussant les portes du pénitencier que lors du dernier chapitre, elle élargit l’espace cols de la cellule du Dernier Jour d’un condamné  à l’échelle des Etats-Unis. […]

Les Derniers Jours de Smokey Nelson deviennent alors un prétexte pour explorer un moment de mort imminente, état critique d’une Amérique hypocondriaque et moribonde, flirtant sans cesse, à l’extérieur comme à l’intérieur, avec la mort. »