LE MATRICULE DES ANGES, Anne Kiesel, février 2024


Boltanski intime
Exercice d’admiration par François Jonquet, doublé d’une satire du microcosme commercial de l’art contemporain. Un grand écart salutaire.

Sur la couverture, il est indiqué « roman ». Mais ce livre contient beaucoup de réel. Il est dédié à Annette Messager et Christian Boltanski, et on a tout de suite envie d’aller voir, dans les dernières pages, celles des remerciements, ce que François Jonquet y mentionne : tout ce qui est concerne les deux artistes est vrai, validé, autorisé.

Où sommes-nous alors ? Dans cet entre-deux passionnant qui glisse une bonne dose de fiction (le personnage de François Jonas, même prénom et mêmes initiales que l’auteur) au sein d’un hommage sincère – mais pas confit – à Boltanski, artiste sans concession. Voici donc le François de fiction, enfant. En 1986, chez sa tante, boulevard Saint-Germain, une grande aquarelle le fascine : trois femmes enlacées, signée Marie Laurencin. Un jour, à la Pitié-Salpêtrière, l’hôpital parisien où son père est soigné, François croise, dans la pénombre, une silhouette mystérieuse. C’est Boltanski qui y peaufine une installation, à base d’ampoules nues, de photos d’enfants et de boîtes en fer blanc.
En 1994, François a la vingtaine, il est élève aux beaux-arts, et fréquente, dans la lumière de son atelier, celui qui est en train de devenir son maître, Christian Boltanski. Voilà le départ de la fiction. […]

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