LE MATRICULE DES ANGES, Camille Cloarec, septembre 2018


« Fantômes de plomb »

« Dans une petite ville d’Irlande, une famille pour le moins étrange défraye la chronique. Une histoire lourde, pétrie de non-dits, dans laquelle nous enferme habilement Conor O’Callaghan.

[…] Le poète Conor O’Callaghan signe là son premier roman, soigné à l’extrême, doté d’une langue riche et belle, et d’un fond terrifiant. Les personnages et cette « marée de sujets tabous qui montait autour d’eux » possèdent chacun un gouffre dans lequel tôt ou tard ils sauteront. Le monde normé et étouffant dépeint ici n’autorise aucune fantaisie, aucun écart – il est impitoyable. Tout comme l’ennui généré par la narration pleine de vide et d’angoisse qui scintille parfois dans les descriptions […], se fige, puis résonne encore longtemps. Il n’y aura jamais de réponse claire, seules demeureront les incertitudes. Pourquoi les protagonistes, l’un après l’autre, s’évaporent ? […] Sommes-nous au cœur d’un roman à suspense, d’une dénonciation sociale, d’un simple fait divers ou d’un recueil de poésie ?

Rien d’autre sur terreinquiète et déstabilise. Tout y est étrange. […] L’obscurité s’empare peu à peu du livre, oppressante, envoûtante. Car quelque chose nous pousse malgré tout à rester jusqu’au bout : peut-être est-ce l’effet d’une indiscrétion maladive envers ces personnages désaxés, ou bien d’une naïveté enfantine, qui nous fait espérer que la beauté de l’écriture transforme et apaise soudain l’histoire. »