LE MONDE DES LIVRES, Florence Noiville, vendredi 30 septembre 2022


Gabriel Byrne à livre ouvert

Il a joué dans près de 80 films, des œuvres aussi marquantes qu’Excalibur, de John Boorman (1981), ou Usual Suspects, de Bryan Singer (1995). Dans des séries aussi (il est le psychothérapeute de la version américaine d’En thérapie, 2008-2010).
Pourtant, à la lecture de ses mémoires, c’est un homme du texte, un auteur à la plume incisive et très sûre, que l’on découvre en Gabriel Byrne. Avec une sensibilité poignante, Byrne décrit sa modeste famille irlandaise, sa timidité maladive, son enfance introvertie, l’appel de la prêtrise, les échecs cuisants de ses débuts, la dépression, tous les « fantômes » qui le hantent depuis sa naissance, à Dublin en 1950. Particulièrement brillantes, les pages sur le pouvoir salvateur de la fiction. Ouvrir un livre, c’est comme s’avancer sur une scène au début d’une pièce, entrer dans un rêve où le temps est modifié par l’imagination. On ressort profondément touché par cette confession placée sous le signe du poète Percy Shelley (1792-1822) : « Ne craignez pas l’avenir, et ne pleurez pas le passé. » Un vers que répétait la mère du petit Byrne qui aurait tant voulu être actrice, elle aussi.