L’HUMANITÉ, Marc Sagaert, jeudi 4 juillet 2013


« Michèle Lesbre, cette petite pluie intérieure »

« Cette nuit d’introspection est un monologue intérieur sur sa propre existence. Comme si la mort qui l’avait approchée en souriant avait réveillé certaines blessures, rappelées soudain à son corps courbatu. Comme si elle était le révélateur d’émotions enfouies. Comme si son être tout entier avait soudain retrouvé la forme d’anciennes chutes. Comme si son histoire d’amour était en train de se déliter devant ses yeux. Cependant, à mesure que le jour approche, les déchirures d’orage laissent place à la quiétude et à la lumière. À cette petite pluie intérieure et apaisée. Aussi, la narratrice laisse-t-elle au petit matin un message un peu énigmatique à l’homme qu’elle aime, lui proposant d’écouter la pluie. Un message que sans doute tu ne comprendras pas, dit-elle, pas tout de suite, sans les mots habituels et un peu usés qui sans doute ne sont plus à la hauteur. Un message qui sans doute me contient tout entière, où je tente de te dire que nous devons inventer autre chose, que je veux autre chose, parce que nous sommes vivants.

Avec une belle régularité, l’auteure de Que la nuit demeureUn homme assisUne simple chuteBoléroUn certain FelloniLa Petite TrotteuseSur le sableNina par hasard ou Un lac immense et blanc, poursuit sa route lumineuse et singulière. Une fois de plus, elle nous conduit dans cet espace sensible de l’écriture où failles et déchirures, solitude et blessure ne sont jamais synonymes de renoncement. Où il n’y a pas d’interdit de séjour. Avec une infinie délicatesse, elle nous fait partager cette errance nocturne sous l’orage. Et si ce petit livre émouvant est tout de suite nôtre, c’est sans doute que, comme le sourire du vieil homme, chaque phrase qu’il contient nous donne quelque chose qu’il faut garder. »