L’HUMANITÉ, Muriel Steinmetz, jeudi 22 avril 2021


« Après Girl (2019) , où elle s’était mise, à 89 ans, dans la peau d’une écolière nigériane rescapée de Boko Haram, Edna O’Brien qui a connu James Joyce, ainsi que Samuel Beckett, retrace cette fois la vie du couple Joyce-Nora.
C’est d’abord le récit, en mots flamboyants (maints vocables empruntés à Joyce), de leur fuite en Italie après avoir quitté l’Irlande, de “peur de succomber au mal national, le provincialisme, le pisse-au-vent philosophique”.
La dèche, naissance d’un garçon et d’une fille, plus tard “l’inspiratrice”. Et Joyce dans son formidable corps à corps avec la langue. Dents gâtées, rhumatisme articulaire. Passion érotique, dans ses lettres crues, suivies de “la séparation de l’esprit” lorsqu’il se lance dans l’écriture d’Ulysse : “vingt mille heures à la tâche, corps et cervelle malmenés”.
Edna O’Brien dit aussi Nora, source de Molly Bloom, “merveille de licence, de caboche et de non-culpabilité”.
Un livre fulgurant d’intelligence. »