LIBÉRATION, Éric Dahan, jeudi 8 mai 2014


« Roman d’apprenti pas sage : François Jonquet à la découverte des clubs parisiens des années 70 »

« On pouvait penser qu’avec cet ouvrage [Jenny Bel’Air, une créature] dans lequel il revenait sur les années Palace et Bains Douches (clubs mythiques dont Jenny Bel’Air fut l’une des physionomistes), Jonquet avait tout dévoilé de sa jeunesse transgressive. Celle d’un bourgeois monté à Paris faire son droit et Sciences-Po, et révélé à lui-même et à sa sexualité par une faune hédoniste, extravagante et contre-culturelle. Treize ans plus tard, et après un livre d’entretiens avec Gilbert & George, un roman (Et me voici vivant) et un récit (Daniel), le revoilà sous les lasers de la scène primitive, réveillant avec un lyrisme voyou les fantômes d’Alain Pacadis, Willy Maywald ou Fabrice Emaer, complétant les portraits d’Eva Ionesco, d’Edwige et autres égéries underground, scintillantes et droguées, de l’âge disco et punk. […]

François Jonquet vient d’une époque où l’exploration de ses limites, voire l’autodestruction, et l’amour des belles-lettres n’étaient pas, loin s’en faut, incompatibles. […]

Si le monde fabuleux et excessif qu’il décrit n’existe plus et si lui-même s’est, par la force des choses, rangé des voitures en devenant journaliste, critique d’art et écrivain, François Jonquet n’a rien perdu de sa vitalité. En témoignent les phrases fouillées, les évocations généreuses, profuses en détails palpitants. Et les scènes de baise moites, qui émaillent cette quête violente et passionnée des Vrais Paradis. »