LIRE, Christine Ferniot, avril 2013 ; L’EXPRESS, vendredi 12 avril 2013


« Nuit d’orage »,
« Écoute la pluie : le talent de miniaturiste de Michèle Lesbre »

« Une jeune femme déambule sous la pluie, la tête emplie de questions après avoir assisté, par hasard, au suicide d’un vieillard.

Le vieil homme lui a souri puis a sauté sur les rails du métro. Gisèle était pressée, elle devait prendre un train pour rejoindre l’homme qu’elle aime, à l’hôtel des Embruns. Elle était déjà en retard mais, à présent tout se bouscule dans sa tête, tout bascule dans sa vie. Face à un mort, elle réfléchit sur les vivants, s’interroge sur les sentiments amoureux qu’il faut secouer parfois comme une boule à neige pour imposer un semblant de désordre et de folie. Où est l’essentiel, qu’est-ce qui est éphémère ? se demande l’auteur. Déambulant dans les rues par une longue nuit d’orage, Gisèle tente de revisiter le passé pour, demain, se tenir debout.

Dans Écoute la pluie, Michèle Lesbre parcourt les thèmes qui l’obsèdent depuis ses premiers textes et les condense avec un talent de miniaturiste. En quelques traits, elle sait décrire le vieillard qui va mourir ; sa canne et son imperméable, la douceur de son visage et son assurance de danseur pour plonger sous le wagon. Elle lui offre un tombeau en refusant de l’oublier, composant des bribes de sa vie pour éviter qu’il ne s’éteigne. […]

Mélancolique et pourtant volontaire, Michèle Lesbre écrit des odes minuscules à la vie, sa fragilité et ses mystères. Elle nous murmure qu’il faut réinventer les gestes et les mots. »