LIRE, Christine Ferniot, septembre 2015


« Romans français, nos choix : Une histoire universelle »

« Érudite et fantaisiste, reine du détail pointu et de la digression continue, Diane Meur est une romancière dont la puissance narrative rime avec l’enquête historique sans a priori. […]

La Carte des Mendelssohn, son nouveau livre, se déplace encore dans le temps et l’espace, entre 1730, 1820 et aujourd’hui, pour une incroyable enquête autour des Mendelssohn : Felix, le compositeur, Moses, le philosophe, Abraham, le banquier, ce néant entre deux génies, et tant d’autres appartenant à cette famille tentaculaire. Mais rien n’est jamais tracé avec Diane Meur, qui nous fait participer à sa recherche en nous posant les questions dont elle n’a pas encore les réponses, partant du chaos en espérant y mettre de l’ordre. Son projet de roman devient (au chapitre XIV) une œuvre à la Perec, à la fois joyeuse et remarquablement documentée. Les Mendelssohn ne sont plus une famille dont il faut suivre la chronologie, mais un monde, une histoire universelle, une variation sur la société d’hier et de demain. L’arbre généalogique ne suffit plus, car ces gens ont essaimé dans le monde entier. Aussi, Diane Meur va-t-elle nous proposer de les accompagner partout, en totale liberté. Avec elle, nous sommes dans la vie quotidienne et les moments exceptionnels. Elle nous fait partager sa vie et celle de ses héros, comme si « l’enquête Mendelssohn » ne pouvait pas avancer sans nous. Tous étrangers, métis, philosophes et historiens, musiciens et compositeurs. La Carte des Mendelssohn est donc un hymne à la tolérance, un roman d’aujourd’hui qui nous parle des siècles passés. Et si, parfois, il faut redescendre sur terre, alors nous allons faire les courses au supermarché du coin, réparer la plomberie ou nous demander s’il faut vraiment continuer de fouiller dans la bibliothèque pour lire le document de trop. Diane Meur est une romancière d’une érudition folle, d’une précision historique imparable et d’une curiosité infinie. Elle est également une obsédée du détail, qui se laisse envahir par une carte du monde fabriquée dans son salon, au mépris de la vie de famille. Elle n’hésite pas à faire de son éditrice, Sabine Wespieser, une héroïne du roman au moins aussi curieuse qu’elle. […] Voici le lecteur dans le secret des déesses, écrivaine et éditrice en train de grignoter une salade et de se demander quand et comment ce livre se terminera. Tant pis si c’est un secret, La Carte des Mendelssohn se clôt sur un poème, et vous verrez que l’idée est aussi belle que nostalgique avec ce soupçon d’incongruité qui va si bien à cette romancière joyeusement subversive. »