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« La grande peur dans la montagne »

« Il est entré dans nos vies de lecteurs, l’an dernier, grâce à son Tabac Tresniek, qui racontait, à la veille de la guerre, l’improbable amitié entre un jeune homme descendu de la montagne pour travailler à Vienne et Sigmund Freud. Un récit original, sensible. On pourrait recourir aux mêmes qualificatifs pour Une vie entière, l’histoire sans fracas d’Andreas Egger, qui construit des téléphériques et vit pour Marie, la jeune serveuse de l’auberge villageoise. Dans ce cinquième roman (le deuxième traduit en français), il n’y a pas un mot de trop ; l’écrivain autrichien a à cœur d’aller au plus près de l’épure. Andreas Egger mène une existence apparemment bien terne, et pourtant, il nous embarque sur ses traces, nous séduit par sa modestie et les ressources insoupçonnées qui l’empêchent de s’effondrer lorsque le drame qui va faucher son bonheur tout neuf survient. « Je suis un mauvais architecte, je ne fais pas de plan », s’amuse Robert Seethaler. « Je voulais raconter l’histoire d’une personne qui subit une très grande perte, tenter de deviner ce qu’un humain était capable de supporter. Andreas Egger est quelqu’un de très pragmatique et c’est dans la montagne qu’il se trouve lui-même. » Ceux qui apprécient l’écrivain suisse Ramuz, trouveront probablement un certain air de famille entre les deux auteurs. Dans l’atmosphère, dans le rapport entre l’homme et la nature qui, même si elle peut se montrer traîtresse, est aussi là pour consoler et apaiser. »