LIVRES HEBDO, Alexandre Fillon, vendredi 7 mars 2014


« Avant-portrait : Paris était une fête »

« Écrivain et critique d’art, François Jonquet raconte les années Palace dans Les Vrais Paradis. Une manière de trip littéraire signé par un dandy attachant.

Le drôle de zèbre que l’on rejoint dans un bureau de son éditrice Sabine Wespieser habite depuis cinq ans et demi à Kreuzberg, dans l’ancien Berlin-Ouest, près de l’aéroport Tempelhof. François Jonquet est de retour dans la capitale pour la sortie des Vrais Paradis. Un formidable roman autobiographique ancré dans la Ville lumière en plein cœur des années Palace. Là où, originaire de Châlons-en-Champagne, il a débarqué à la fin d’une adolescence d’un ennui mortel ! […]

Chez Sabine Wespieser, où il est arrivé grâce à Vincent Borel, collègue de Nova magazine, il donne d’abord Et me voici vivant (2006). Un texte autobiographique né d’un plongeon dans la folie, d’un passage à Sainte-Anne, dans le secteur fermé, de quelques années dans le potage. Puis il y a eu l’éclatant Daniel (2008), portrait serré d’un comédien hors norme, Daniel Emilfork, narcissique, égocentrique. Un être en dehors des calculs, à part, croisé une première fois de dos dans le métro à la station Lamarck-Caulaincourt et vivité ensuite, en haut de la butte Montmartre, jusqu’à sa mort.

François Jonquet dit n’écrire jamais dans la légèreté. Les Vrais Paradis lui a demandé quatre ans de labeur. Et lui a permis de fantasmer un Paris d’autrefois dans un roman où presque tout est vrai, hormis quelques aises avec la chronologie. Ce trip littéraire, qui parle de l’idée de la fête, avec ses degrés de drames, peut aussi se lire comme un livre sur l’identité. Il l’a tapé directement à l’ordinateur. Sur un vieux Mac historique, sans connexion Internet ! Pour la suite, il hésite encore. Mais songe à un autre retour en arrière. À quelque chose qui aurait pour cadre la maison de son enfance perdue dans l’est. »