LIVRES HEBDO, Kerenn Elkaïm, vendredi 8 novembre 2019


« Le chant des oubliés »

« […] Robert Seethaler signe un best-seller dans son pays. Le Viennois est traduit dans une quinzaine de langues. Ce texte, d’une grande originalité, forme une symphonie composée du chant des oubliés. Il nous renvoie à la folie ou aux bribes de vie qui tissent le maillage d’un village. Sa poésie, limpide ou somptueuse, dresse des portraits en seulement quelques traits. À l’instar de Hannes, reporter soucieux de retracer la réalité. On n’a qu’à tendre l’oreille pour écouter. […]

Robert Seethaler est un thanatopracteur-magicien. Il rend la parole et le corps aux morts, autrefois si vivants. Quels secrets avaient-ils emportés jusqu’alors ? Certains éprouvent le besoin de les révéler, d’autres s’enterrent avec leur mystère. « Dans la mort est la vérité, mais on ne doit pas la dire », note Annelie – doyenne de 105 ans –, avant de conclure : « Je fus d’abord humaine, à présent je suis monde. » Seul un romancier de talent peut restituer avec beauté et parler de la mort pour porter plus haut le flambeau de la vie. »