L’OBS, Anne Crignon, jeudi 5 février 2015


« 17, rue du Souci »

« Les hommes et les femmes qui passent dans les livres de Michèle Lesbre sont comme de grands échassiers solitaires qui campent en lisière du carnaval social. Son œuvre est pleine de personnages saisis dans un entre-deux qui les révèle à eux-mêmes. Au début de Chemins, la narratrice tombe en arrêt devant un inconnu qui lit Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger sous un réverbère parisien. […] Scènes de la vie de bohème était le livre préféré de son père, soigneusement conservé depuis sa mort, resté une sorte d’interdit, le monde secret de l’homme inaccessible qu’il avait toujours été. À l’hôtel des Voyageurs, au bord d’un canal brumeux, elle le lit à son tour, troublée d’y trouver une joie s’accordant si mal avec l’homme désenchanté dont elle se souvient. Il n’existe de modèle pour rien, et chaque être vous aime comme il sait et comme il peut, écrit Michèle Lesbre, citant José Cabanis, en préambule de cette échappée belle. »