RAYONDECULTURE.FR, mercredi 3 février 2015


« Un éclusier accueillant, un chien égaré et fidèle, des mariniers d’un autre temps, un père : voici quelques-uns des personnages que l’on rencontre avec la narratrice de Chemins, le dernier roman de Michèle Lesbre.

On pourrait ajouter Martin, dont la narratrice a été amoureuse en secret ou ce couple d’amis qui lui prête une maison dans laquelle elle tarde à se rendre. Mais il faudrait alors parler des lieux, si importants dans ce roman et on n’a pas commencé de le présenter.

Chemins entrecroise deux histoires : l’une authentique, met en scène la romancière et son père. […] Chemins est d’abord le chemin qu’elle fait, par la mémoire, vers cet homme qu’elle a peu connu. […] De lui, la romancière se rappelle un livre qu’il aimait et qui contenait peut-être le mystère de son existence. Ce roman, Scènes de la vie de bohème, paru en 1851, elle le voit entre les mains d’un inconnu, à la terrasse d’un café. Il servira dès lors de fil rouge, unissant des récits divers qui se mêlent, qui sont autant de chemins de papier. Le groupe d’amis qu’elle forme avec Martin, Pierre ou les autres rappelle celui du roman. Tous rêvent d’un autre monde, discutent de longues soirées, se disputent et se réconcilient. La narratrice qui se rend, lentement, vers la maison que ses amis lui ont prêtée, retrouve des instants passés, et vit, au fil du canal qu’elle longe, les éclats de souvenirs qui composent la mosaïque d’une existence.

Michèle Lesbre conduit le lecteur de lieu en lieu, non loin des rives de Loire ou du côté de Poitiers où elle a passé son enfance. On se laisse mener dans cette France si douce et secrète, hors du temps, avec ses chambres d’hôtel au papier peint défraichi, ses bords de canal ombragé, ses jardins. Et puis revient ce père si seul que quelques pages rendent soudain vivant, ramènent à une existence qu’ils auraient pu connaître si un peu de bonheur avait éclairé les jours d’alors. […] Ce roman se rêve autant qu’il se lit et c’est tout son charme tenace. »