LORIENTLEJOUR.COM, Joséphine Hobeika, mercredi 2 juin 2021


La guerre civile libanaise transposée au cœur de Ménilmontant

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La galerie Ménil’8 accueillera, à l’occasion de cette exposition, la romancière Dima Abdallah qui a déjà reçu de multiples récompenses avec son premier roman, Mauvaises herbes (Sabine Wespieser, 2020). Vendredi 4 juin, à 19 heures, l’autrice proposera une lecture d’extraits de son texte, construit autour d’une enfance aigre-douce au cœur de la guerre libanaise. « Cette exposition a lieu dans mon quartier, y participer me tient à cœur. Vendredi, je lirai un des chapitres de mon roman. Nous sommes en 2021, et nous n’avons pas surmonté grand-chose. Nous sommes en 2021, et 1975 c’était hier. Nous sommes en 2021, et les 200 000 corps n’ont jamais été enterrés. Nous sommes en 2021, et les fantômes vivent en nous tous les jours. Les souvenirs sont intacts, les odeurs de poudre sont intactes, la peur est intacte. La mémoire ne veut rien savoir de notre désir d’oublier un peu, de passer à autre chose. Plus que jamais, aujourd’hui, le pays nous hurle ses traumatismes, nos traumatismes », confie celle qui revient tout juste du festival du premier roman à Chambéry. Selon Dima Abdallah, c’est autour de cette mémoire que la création artistique semble prendre tout son sens. « On me demande souvent si je vis aujourd’hui encore comme une enfant de la guerre civile, ou si je suis en paix avec cette mémoire. Je réponds toujours que chaque jour, chaque minute, chaque seconde, je suis une enfant de la guerre. Une enfant qui n’a rien connu d’autre. L’enfant de la guerre que je suis ira vendredi rue Boyer dire qu’elle n’est pas guérie, mais que dans l’art et la littérature, l’absurde se meurt un peu, et la révolte se dit. À la manière des mauvaises herbes, nous repousserons, nous, artistes et auteurs, à l’infini, pour repeupler d’arbres immenses les forêts brûlées. »

Galerie Ménil’8, 8 rue Boyer, XXe arrondissement à Paris. Jusqu’au 6 juin.

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