LUXEMBURGER WORT, Sophie Guinard, samedi 1er octobre 2016


« Vice versa »

« Une femme mystifiée est l’héroïne du dernier roman d’Edna O’Brien.

Chacun a sa part de lumière et d’ombres. De bien et de mal. De naïveté et de cynisme. Fidèle à son thème de prédilection – les femmes et leurs relations aux hommes dans une société marquée par l’Histoire – la grande dame de la littérature irlandaise explore dans un gros et beau roman la gamme des émotions humaines. Jusqu’à la monstruosité. […]

D’emblée on est sous le charme : le style de l’écriture, l’histoire qui peu à peu se révèle, le caractère mystérieux du personnage de Vlad, la fluidité avec laquelle tout s’enchaîne, avec, saupoudrés, des indices qui induisent un dénouement inexorable.

Prenant pour toile de fond la guerre de Bosnie et son génocide, comme personnage secondaire un Radovan Karadzic plus ou moins imaginé, Edna O’Brien colle au fil directeur de son œuvre en explorant la complexité de l’âme féminine. À travers le beau portrait de Fidelma, grande naïve qui paie très cher la confiance et l’amour, elle nous parle aussi d’adultère, de culpabilité, de honte, de déchéance, de regrets… Entre imaginaire et réalité historique, poésie de la langue et extrême violence des situations, barbarie et délicatesse, voilà le roman poignant d’une vieille dame de quatre-vingt-six ans à l’écriture magnifique, d’une merveilleuse modernité. »