RADIO CLASSIQUE, Patrick Poivre d’Arvor, lundi 3 octobre 2016


« La chronique culture d’Élodie Fondacci », « L’invité culture »

« Les Petites Chaises rouges est un roman signé par une grande dame des lettres irlandaises, Edna O’Brien, […] qui revient à la fiction avec ce livre qui commence un peu comme commencerait un conte, c’est-à-dire qu’on voit une haute silhouette noire qui sort de la forêt, un homme qui est vêtu d’un long manteau, qui marche vers un village, le village d’un coin perdu d’Irlande […]. Il s’appelle Vladimir Dragan, « Vuk », comme il dit se surnommer. […]

Toutes les femmes sont très séduites par cet homme, et parmi les femmes la plus belle d’entre toutes, qui s’appelle Fidelma McBride et qui aurait pu s’appeler Emma comme Mme Bovary, parce qu’elle est une romanesque dans l’âme aussi […]. Et, oui, elle s’éprend de cet homme aux longues mains fines, au regard de poète, qui connaît le secret des plantes et qui parle avec sagesse. Sauf qu’elle ignore que « Vuk », cela veut dire « loup ». […]

Et sous ce masque du saint charismatique, se chache tout simplement le diable. […]

C’est un roman d’un poignant lyrisme, qui est d’une puissance rare, et qui est une réflexion bien évidemment sur le Mal, sur la dualité. Comment peut-on être à la fois amateur de vers et l’un des plus grands tueurs de l’Histoire ?

C’est surtout un livre sur une femme, ce qui est l’habitude d’Edna O’Brien qui a toujours écrit justement sur les femmes irlandaises courageuses. Parce que bien sûr Fidelma, qui a aimé cet homme, va être une paria, parce que le crime insoupçonné de cet amant va rejaillir sur elle. Elle n’aura d’autre choix que de fuir. Elle va partir à Londres, se mêler à d’autres déchus, des migrants, des immigrants comme elle, et essayer de se reconstruire. C’est un livre extrêmement fort, extrêmement beau […]. »

Écouter l’émission