MARIE CLAIRE, Thomas Jean, août 2023


Une autofiction irradiante

Une quête de père sur fond de centrales atomiques, voilà à quoi nous convie, avec autant de drôlerie que de sensibilité Rinny Gremaud dans son deuxième roman.

L’autrice a vu le jour en 1977 à deux pas du réacteur de Kori, en Corée du Sud : sa mère, Coréenne, y travaillait, son père biologique aussi, ingénieur anglais qui dispensait son savoir-faire nucléaire de par le monde. Il quittera vite les lieux. La mère et la fille s’installeront en Suisse, où la petite Hye-rin sera rebaptisée Rinny par l’état civil et prendra le nom de son beau-père. Alors, comme une reporter de l’intime – Gremaud est aussi journaliste, rédactrice en chef de T, le magazine du quotidien Le Temps –, l’écrivaine va fouiller l’histoire de son géniteur qui fait corps avec celle de l’atome.

Entre Pays de Galles, Taïwan et Michigan, entre circuits de refroidissement et uranium enrichi, c’est la cartographie d’un absence qui se déploie, mais aussi celle, vertigineuse, d’une industrie qui tient entre ses mains toute notre vie.