ZIBELINE, WWW.JOURNALZIBELINE.FR, Chris Bourgue, mai 2013


« Pour parler d’eux »

« Michèle Lesbre s’intéresse à la façon dont les événements de notre vie personnelle s’insèrent dans une écriture romanesque en une sorte d’incrustation, pas toujours volontaire, dit-elle… Ce n’est pas le récit de soi qui l’intéresse mais plutôt comment l’histoire du monde et des hommes traverse notre propre histoire. En décembre 2003, avant de se précipiter sous un wagon du métro, un vieil homme a souri à Michèle Lesbre. Tu pendant des années, ce récit ouvre le roman : trois pages coups de poing qui introduisent une fiction, celle d’une femme amoureuse qui, bouleversée par ce qu’elle vient de vivre, renonce à rejoindre son amant.

La vie de Victor Dojlida, personnage central du récit de 2001 qui vient d’être réédité, l’a fascinée au même titre. Ce polonais réfugié à Homécourt, puis résistant et déporté, fut emprisonné en France pendant 40 ans après avoir voulu se venger de son arrestation par un policier français. À sa libération en 1989, Michèle Lesbre l’a rencontré, est devenue son amie, considérant comme un geste citoyen de parler de cet homme en colère. Elle témoigne ainsi de l’influence du politique sur la vie privée, naviguant entre réalité et fiction, présent et passé, en un dosage subtil. »