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À lire à l’occasion de l’année Bruckner : « La Vigne écarlate » de Vincent Borel

À lire à l’occasion de l’année Bruckner : « La Vigne écarlate » de Vincent Borel

Le 8 septembre 1824 naissait le compositeur autrichien Anton Bruckner, héritier spirituel de Richard Wagner et précurseur de Gustav Mahler. En cette année bicentenaire, de nombreux concerts feront entendre ses monumentales symphonies. C’est l’occasion de redécouvrir « La Vigne écarlate » (2018), le roman-portrait que Vincent Borel a consacré à ce génie maniaque, précurseur de la modernité viennoise. Un récit bref, syncopé et plein d’esprit doublement récompensé par le Prix France Musique des Muses et par le Prix littéraire des musiciens.

 

« Le Dernier Mouvement » lauréat du public du Prix littéraire des musiciens 2023

« Le Dernier Mouvement » lauréat du public du Prix littéraire des musiciens 2023

Le Prix Littéraire des Musiciens souhaite rendre hommage aux écrivains qui ouvrent les portes de la musique classique et aux musiciens qui nous la font vivre.

Décerné par un jury composé de personnalités de la vie musicale et artistique française, le prix récompense les qualités d’accessibilité des ouvrages candidats dans les catégories Roman et Essai.
Un « Prix Jeunesse » s’adresse aux jeunes lecteurs et récompense un livre qui ouvre à l’écoute de la musique.
Un « Prix du Public » est décerné par un jury de lecteurs dans la catégorie Roman.

Lauréats 2023

Duong Thu Huong reçoit le prix mondial Cino Del Duca 2023 pour l’ensemble de son œuvre

Duong Thu Huong reçoit le prix mondial Cino Del Duca 2023 pour l’ensemble de son œuvre

Duong Thu Huong reçoit le prix mondial Cino Del Duca 2023 de la Fondation Simone et Cino Del Duca pour l’ensemble de son œuvre.

Créé par Simone Del Duca en 1969, le Prix mondial vient couronner la carrière d’un auteur français ou étranger dont l’oeuvre constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d’humanisme moderne. Doté de 200 000 €, il offre la plus importante dotation pour un prix littéraire après le Prix Nobel.

Duong Thu Huong succède ainsi à Haruki Murakami (2022), Maryse Condé (2021), Joyce Carol Oates (2020) et Kamel Daoud (2019). Le Prix mondial lui sera remis à sous la Coupole de l’Institut de France lors de la séance solennelle de remise des Grands Prix des fondations de l’Institut, le 21 juin 2023.

Communique-de-Presse-Prix-mondial-Del-Duca-2023

LE LIBÉ DES ÉCRIVAINS, Sarah Jollien-Fardel, vendredi 21 avril 2023

LE LIBÉ DES ÉCRIVAINS, Sarah Jollien-Fardel, vendredi 21 avril 2023

Le fervent labeur du libraire, par Sarah Jollien-Fardel.

Ode à ces antres de répit, de joie, d’intériorité, de consolation, de curiosité jamais blasée.

Pau, boulevard des Pyrénées, novembre 2022. Une éditrice, un libraire, une autrice. Trois lecteurs, inéluctablement. Ils devisent chaleureusement sur une terrasse, face à la mythique chaîne montagneuse du sud-ouest. De quoi parlent-ils ? Des derniers livres appréciés, d’une lecture commune. « Ah ! Ce livre ! On était plusieurs, à la librairie, à avoir eu un coup de foudre. Premier jour de parution, zéro vente. Deuxième jour, une. Fin de la semaine, presque rien. On reste après la fermeture pour réfléchir… On savait qu’on ne se trompait pas, mais notre manière d’en parler ne touchait pas les gens. Puis, on a trouvé : nous devions axer sur l’angle affectif de l’histoire. Et hop ! Le livre s’est arraché. – Sur la centaine de parutions de la rentrée, vous vous interrogez pour un seul ouvrage ? – On ne se questionne pas, on se remet complètement en question ! L’auteur a écrit un texte qu’on a adoré, si on n’arrive pas à transmettre notre émotion, c’est nous le problème. Pas l’auteur ou les lecteurs. »

Les libraires, qu’est-ce que je les estime. Et depuis longtemps. Je me figurais appréhender – et plutôt bien – leur travail : désempaqueter des kilos de matériel, classer, tenir plannings comptes et administration, trouver une identité, créer des liens durables avec une clientèle, gérer admirablement les stocks car trop commander ce serait retourner des ouvrages qui plombent les petites maisons d’édition… Il me semblait connaître leurs qualités : intransigeance, curiosité, radicalité. Comme leurs défauts : intransigeance, radicalité. Chez tous, du moins chez les indépendants, les vrais, pas ces sortes de monstres à deux têtes qui s’en déclament tout en multipliant les ouvertures à tire-larigot : la passion. Je les avais idéalisés, hésitant à l’adolescence à en faire mon métier.

Aura de révérence dévote

Il faut dire que dans ma région, avant l’ouverture en 1983 de la Liseuse, la nourriture littéraire ne se sustentait pas en librairie. Nous nous rassasions (encore que…) chez un bouquiniste dont l’odeur de l’échoppe ressuscite à chaque évocation. A la bibliothèque cantonale comme on disait, où trouver un ouvrage se méritait presque ; si l’on avait les bonnes indications, ou par des hasards bienheureux, on dénichait les références du sésame sur des fiches dactylographiées, classées dans des casiers en bois blond, que l’on tendait à l’un des bibliothécaires derrière la réception. Une pièce close et vitrée où, sur quelques rangées de longues tables en bois, des étudiants plus âgés que moi, penchés sur les pupitres, travaillaient ou riaient sans bruit, comme on ne le fait qu’à ces âges, de tout son corps. Un silence de cathédrale, la décoration vieillotte et bourgeoise imprégnaient le lieu d’une aura de révérence dévote. Et enfin, l’excitation de la maisonnée : la très attendue et exotique enveloppe trimestrielle de France Loisirs.

Les librairies, je les ai reniflées timidement, impressionnée par les possibles, ébahie par la beauté de ces alignements, arpentées de long en large, dans chaque ville chaque pays, jamais repue de ce fantasme idéalisé et si attendu. Elles demeurent définitivement des antres de répit, de joie, d’intériorité, de consolation, de curiosité jamais blasée. Ce dernier automne, en traversant le miroir, une facette inconnue s’est dévoilée. A Bayonne, Lyon, Sète, Nice, Forcalquier, Nantes, Vannes, Rennes, Chambéry, Strasbourg et autres bourgs français, les libraires m’ont invitée, bras ouverts. Pas sur un coin de table, un verre d’eau et basta. Leur accueil, leur écoute, leur lecture m’ont chamboulée, épatée aussi de ce qu’ils ont décelé dans mes entre-lignes inconscients.

D’eux, j’ai voulu conserver une empreinte. Ils ont signé, entre autres, des livres d’Álvaro Mutis, Alain Guiraudie, Mathieu Riboulet, Walt Whitman, Fernando Aramburu qui, désormais, constituent une fabuleuse et éclectique « bibliothèque souvenir ». Comme un prolongement tangible de leur singularité. Comme une preuve d’un compagnonnage précieux.

Le libraire parfait existe. Je l’ai rencontré. C’est un métier. Sacré.

Le fervent labeur du libraire, par Sarah Jollien-Fardel