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« Les Haïtiens, le 9mm sur la tempe : pérenne indifférence française. Dette morale ? » Article de Frédéric L’Helgoualch publié sur Mediapart

Selon le dernier rapport de l’ONU sur l’insécurité en Haïti, les homicides ont presque doublé en trois ans, les enlèvements sont passés de 78 en 2019 à 1359 en 2022. En 2023, pas besoin d’être médium pour deviner que ce triste record sera battu.

Yanick Lahens en 2018 dans « Douces déroutes » décillait déjà le lecteur européen confortablement installé dans son fauteuil sur la réalité quotidienne à Port-au-Prince.

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« Les Ravissements » au palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants des « Défricheurs de la rentrée littéraire »

« Les Ravissements » au palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants des « Défricheurs de la rentrée littéraire »

« Les Ravissements », le deuxième roman de Jan Carson, paru en janvier dernier, figure parmi le palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants en cette rentrée d’hiver. Cette sélection a été réalisée par les Défricheurs de la rentrée littéraire.

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Quelques mots introductifs à la rencontre avec Jan Carson à la librairie Millepages de Vincennes : où il question de nos beaux métiers et de… ravissements

Chère Jan Carson, chères lectrices et lecteurs réunis ce soir,

Vous le savez sans doute, les libraires passent une partie non négligeable de leur temps à défaire – autrement dit conseiller et vendre – et refaire – assortir et acheter – une immense toile sensible faite de dizaine de milliers d’histoires. C’est un résumé un peu rapide du métier de libraire, mais comme nos états d’âmes ne sont pas au programme de la soirée, nous allons nous en contenter.

La question que j’adresse à la cantonade est la suivante : dans un tel capharnaüm où il est si simple de se perdre, que doit-on attendre d’un roman par les temps qui courent ?

En guise de réponse, permettez-moi de vous faire la proposition suivante :

nous recherchons un livre qui ne ressemble à aucun autre.

Un texte qui nous offre la possibilité d’entrer dans l’interstice, dans cette faille du vécu et du « réel » qui se fait jour. Nous voulons éprouver des sensations et des expériences nouvelles, des ravissements en somme, puisque la littérature est faite pour nous arracher à nos existences, pour nous aider à penser et à voir en surplomb de ce que nous sommes. Soyons fous, il nous appartient de réclamer que les limites soient abolies. Nos imaginaires ne souffrent pas d’être bridés, ni d’être formatés. Un bon livre sème la zizanie dans notre esprit et dans notre cœur. Un bon roman est un trublion, un lanceur de feux.

Sabine Wespieser a le nez creux et des goûts sûrs. La cohérence et l’originalité du catalogue de la maison inspire le respect et l’admiration et je dois ici la remercier chaleureusement pour le bonheur sans cesse renouvelé depuis 20 ans d’accompagner son travail.

Chère Jan Carson, en deux livres excellemment traduits par Dominique Goy-Blanquet, vous nous avez fait chavirer. Après les  Lanceurs de feu, ces Ravissements confirment l’étendue de votre talent.

Nous sommes à Ballylack, village imaginaire d’Irlande du Nord en juin 1993. Hannah, 11 ans, connaît une solitude peu commune pour une fille de son âge. Ses parents coincés dans une foi protestante sans concession la maintiennent dans le carcan serré de la religion. Entre deux séances de prières, elle trouve un peu de fantaisie et de réconfort auprès de son grand-père et de son « Jésus mental », moins rigoriste que le Dieu de ses parents.

L’été s’annonce sans réelle surprise quand, sans crier gare, une infection mortelle emporte deux enfants de sa classe.

Alors que les violences n’en finissent pas de déchirer le pays, un mal aussi mystérieux que virulent vient pulvériser la fausse quiétude de ce village rural de l’Ulster.

Hannah reçoit en secret la visite de ses petits camarades disparus alors qu’enquêteurs et journalistes s’abattent sur la communauté déboussolée et frappée par les deuils à répétition. La tragédie ne fait que commencer…

Les Lanceurs de feu, votre précédent roman traduit, le premier d’ailleurs, nous avait laissés sans voix. Nous avions été séduits par la virtuosité avec laquelle vous meniez de front l’hyper-réalisme de la situation sociale de l’Irlande du Nord pendant les « Troubles » et le portrait croisé de deux pères confrontés aux énigmes de la filiation. Avec Les Ravissements, vous poursuivez votre exploration des lignes de failles de la société nord-irlandaise. Pas à pas, vous faites tomber les masques. Tous les personnages, les enfants comme les parents, sont scrutés avec une attention maniaque sans concessions ni manichéisme au fil d’une peinture de caractères aussi savoureuse que cruelle.

Il convient en guise d’éloge définitif de saluer avec vigueur le crescendo sensoriel vertigineux du récit et une écriture qui mélange savamment une forme de réalisme magique à une dose d’ironie nécessaire et bienvenue au regard de l’énormité de la bêtise humaine.

Si je devais vous inscrire dans une généalogie, je vous imaginerais un peu comme une fille littéraire d’Edna O’Brien et de John McGahern. Conscients de votre potentiel, ils auraient choisi pour vous un précepteur de la trempe de José Saramago.

Mais pourquoi chercher si loin et laisser dériver ainsi mon imagination puisque vous êtes, chère Jan Carson, absolument unique.

 

« La Croix », portrait de Sabine Wespieser par Christophe Henning pour les vingt ans de la maison d’édition, jeudi 29 décembre 2022

Maison indépendante, les éditions Sabine Wespieser fêtent leurs vingt ans. Chaque année, l’éditrice publie dix titres, résistant à toute logique de croissance.

La maison d’édition, c’est elle. Elle n’est pas seule mais la maison porte son nom, et Sabine Wespieser revendique sa patte à chaque instant. De la lecture des manuscrits à l’accompagnement des auteurs dans les studios radio, en passant par la visite aux libraires, elle est la cheffe de maison. Ce qui n’empêche pas une disponibilité chaleureuse : le sourire franc, le regard pétillant derrière la mèche, elle savoure chaque rencontre. Et dans la cacophonie des grandes maisons, l’éditrice indépendante joue sa petite musique avec talent. Depuis vingt ans.

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Goncourt des détenus : le bandeau est disponible

Dès janvier, les exemplaires de Sa préférée, premier prix Goncourt des détenus, mais également Choix Goncourt de la Suisse, prix FNAC et prix Millepages, seront revêtus d’un bandeau signalant ces prix dont nous sommes si fiers. Des bandeaux sont également disponibles pour ceux qui souhaiteraient les poser sur les livres déjà en stock, il suffit de nous les demander : contact@swediteur.com

« Sa préférée » de Sarah Jollien-Fardel, prix Goncourt des détenus 2022, jeudi 15 décembre 2022

« Sa préférée » de Sarah Jollien-Fardel, prix Goncourt des détenus 2022, jeudi 15 décembre 2022

Le Centre national du livre (CNL), opérateur du ministère de la Culture, et l’Académie Goncourt sont heureux d’annoncer que le Prix Goncourt des détenus est attribué à Sarah Jollien-Fardel pour son roman Sa préférée.

Ce jeudi 15 décembre, dix personnes placées sous main de justice choisies comme déléguées nationales pour les délibérations finales étaient réunies à huis clos au Centre national du livre. Après plus de trois mois de lectures assidues des 15 livres en lice pour le Prix, issus de la première sélection de l’Académie Goncourt, et à la suite de rencontres avec les auteurs conduites dans les centres pénitentiaires, les délégués nationaux ont choisi de décerner le premier Prix Goncourt des Détenus à Sarah Jollien-Fardel pour son roman Sa préférée paru aux éditions Sabine Wespieser.

Le Goncourt des Détenus
Créé en 2022, le Prix Goncourt des Détenus est porté par le Centre national du livre et l’administration pénitentiaire, sous le haut patronage de l’Académie Goncourt. Ce Prix donne l’opportunité à près de 500 personnes placées sous main de justice de lire et de débattre autour d’ouvrages de littérature contemporaine. Le jury national était issu cette année de 31 établissements pénitentiaires (centres de détention et maisons d’arrêt).

Sa préférée

Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa sœur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence.

Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa sœur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice.

Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde. Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse. Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s’invite.

Sa préférée est un roman puissant sur l’appartenance à une terre natale, où Jeanne n’aura de cesse de revenir, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n’avoir su la protéger de son destin.

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Le Pavillon de la Littérature, Sabine Wespieser à la librairie Point Virgule de Namur pour les 20 ans du catalogue, Apolline Elter, jeudi 10 novembre 2022

LES 20 ANS DE LA MAISON D’ÉDITION SABINE WESPIESER

L’anniversaire de la maison d’édition Sabine Wespieser fut célébré d’une rencontre d’allègre et haut vol, en la librairie Point Virgule, à Namur (Belgique) ce mercredi 9 novembre. L’entretien avec Sabine Wespieser était mené par Anouk Delcourt co-fondatrice de la librairie, avec son frère Régis. Un dialogue subtil, jovial et de facture véritablement supérieure.

Ponctuant sa présentation de la Maison d’édition de la lecture d’extraits représentatifs de sa vocation éditoriale, Anouk Delcourt en dégagea les constantes et lignes de force :  thématiques récurrentes, fidélité des auteurs, implication de l’éditrice, part de  francophonie hors France,  de littérature étrangère dans le catalogue, .. témoignant de la sorte d’une parfaite connaissance et vivace imprégnation des quelque deux cents titres parus à ce jour, consciencieusement numérotés.

Formée à l’école d’Hubert Nyssen et des éditions Actes Sud, Sabine Wespieser prend son envol, le … 11 septembre 2001 en signant les statuts de la Maison d’édition éponyme et publie ses quatre premiers romans à l’occasion de la rentrée d’août 2002. De moins en moins interventionniste dans les textes qui lui sont proposés, l’éditrice réagit avant tout à l’intuition,  l’émotion, se targuant-  cela nous plaît –  d’un parler franc et direct.

Michèle Lesbre,  Diane Meur, Vincent  Borel, auteurs piliers de la Maison et de la première heure .. verront bientôt s’adjoindre une floppée de nouveaux auteurs, une « jeune garde »  et une lignée irlandaise quasiment auto-générée.

Soucieuse de créer des liens forts et parfois amicaux avec ‘ses ‘ auteurs, Sabine Wespieser n’en oublie pas son rôle de garde-fou éditorial et les contraintes économiques liées à un domaine grevé de surproduction.

« Je me sens obligée par la confiance que me témoignent les auteurs »

Favorisant les liens entre les auteurs et les lectures réciproques de leurs ouvrages,  l’éditrice est très vigilante aussi sur le choix des traducteurs :  » Il me faut des traducteurs qui « entendent » le texte –  ce sont des écrivains également et j’aime l’idée d’une sorte de couple auteur – traducteur qui se concerte tout au long du travail de traduction et s’envoie des mails longs comme le bras »

Vous l’aurez compris : cette rencontre fut l’occasion de découvrir l’ampleur et la beauté du travail d’une éditrice vraie, engagée, passionnée

En cela elle rejoint, à notre sens,  l’exigence d’une autre maison chère à notre site, celle des éditions Diane de Selliers, qui fêtent précisément leur trentième anniversaire

Des éditions et libraires qui entretiennent notre foi en la Littérature

Apolline Elter