LE TEMPS, Isabelle Rüf, samedi 1er avril 2023


La quête d’un « generator » absent croise l’épopée des centrales nucléaires dans un roman qui noue l’intime et le sociologique. Un récit brillant où percent l’émotion et la colère, bridées par l’ironie.

On croit l’avoir évacué, mais ce qui dort dans les angles morts de l’histoire personnelle est toujours susceptible de se réveiller. C’est ce qui est arrivé à Rinny Gremaud, journaliste au Temps et écrivaine. « Je suis née en 1977 dans une centrale nucléaire, au sud de la Corée du Sud », écrit-elle à la première ligne de Generator. Elle le savait depuis longtemps, bien sûr, mais une dépêche d’agence annonçant la fermeture du réacteur le plus ancien de Corée, Kori 1, soulève en elle « une vase profonde, un sédiment si ancien que je le croyais pétrifié ». La fin du nucléaire décrété par la Corée marque la fin de l’enthousiasme pour l’atome. « Je venais d’avoir quarante ans », constate-t-elle. « Peut-être le moment était-il venu, pour moi aussi, de décréter la fin d’une époque. » […]

lire l’article en entier (sur abonnement)