BLOG LILI AU FIL DES PAGES, Lili Fischer, dimanche 26 mars 2023


J’aime l’écriture et les univers dans lesquels Maryline Desbiolles nous emporte avec finesse et lumière. L’auteure est talentueuse. Son récent ouvrage se passe à Lyon, à la Croix Rousse et à la Guillotière et c’est un hommage aux silencieuses.

Nous voici au cœur de l’histoire des canuts, ouvriers dans les soieries lyonnaises. Comment oublier les trois grandes révoltes qui eurent lieu avec des morts parmi les ouvriers qui redoutaient de perdre leur emploi avec les arrivées des machines à tisser. Mais ces usines employaient aussi des femmes.

L’auteure s’intéresse à elles. Elle situe son histoire en 1864. Elle choisit 4 très jeunes femmes que rien ne prédestinait à se rencontrer. Elles travaillent dur, elles ont simplement besoin de gagner leur vie.

Voici Toia, la Piémontaise. Elle est arrivée en diligence. Au passage, on découvre les conditions de voyage. Promiscuité, sueur. Il y a Rosa Plantavin. Elle a laissé son enfant dans la Drôme là où sévit la maladie du murier. Elles ne savent ni lire ni écrire, mais apprennent vite les gestes de bobineuse, moulinier, ovaliste. On a aussi Marie Maurier venue de Haute Savoie Et Clémence venue de Lyon. Elle en a gros sur la patate. Elle logeait chez son amie morte en couches rue de la Part Dieu.

D’une belle écriture l’auteure les met en mouvement, montre leurs conditions de vie, leur chagrin rentré, la phtisie et les risques, on partage le même lit et les mêmes humiliations et le peu de considération des hommes pour elles.

Si les hommes ont osé la rébellion, pourquoi pas elles, mais sans verser le sang. Et ces femmes vont se lever. Peu assurées, titubantes, elles se dressent avec audace en juin 1869. Elles vont exiger le respect au travail et dans la vie intime. C’est le combat pour la dignité, mené par les oubliées de l’histoire, auxquelles avec un talent fou que j’admire, l’auteure rend un juste et mérité hommage.

Il faut lire ce livre, l’offrir. Un ouvrage indispensable.

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