ELLE, Virginie Bloch-Lainé, vendredi 6 mai 2022


L’histoire se déroule à Dublin et commence un 29 juillet. Si l’année n’est pas précisée, on réalise vite, parce qu’il est question d’un « écran » puis de « Netflix », que Misogynie se déroule à notre époque. Si le comportement de Cathal, le personnage masculin, est de tous les temps, la liberté de Sabine – la femme qui plaît à cet homme – est en revanche rare aujourd’hui et encore plus hier. Avec une économie de pages et d’effets, sa marque de fabrique, l’Irlandaise Claire Keegan dresse le portrait d’un être habitué à mépriser le sexe dit faible sans rencontrer de résistance jusqu’à ce qu’il se heurte à un obstacle : une femme lucide. Ce 29 juillet donc, Cathal rentre du bureau et repense aux scènes clés de sa relation avec Sabine. Il était sur le point de l’épouser, ils avaient emménagé ensemble quand, à travers quelques remarques, il a tout gâché. Il s’est montré radin et a manifesté son mécontentement lorsque Sabine a pointé du doigt sa goujaterie. Sans faire d’esclandre, elle lui a donné sa définition de la misogynie : « Ça consiste simplement à ne pas donner. » Par amour, elle aurait pu accepter la soumission qu’espérait d’elle Cathal, mais elle a compris les conséquences qu’auraient les petites choses qu’elle remarquait.
Ce genre de petites choses, ainsi s’intitulait le roman de Claire Keegan publié en 2020. Misogynie, texte tout aussi beau, dit beaucoup en peu de mots.

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