LE BERRY RÉPUBLICAIN, Rémy Beurion, mercredi 4 mars 2015


« C’est un livre écrit en lettres de délicatesse. Il murmure et chuchote. Fait attention de ne pas déplacer l’air pour éviter d’effrayer des souvenirs qui volent comme des nuées de moineaux. Ces souvenirs-là appartiennent à Michèle Lesbre, contenus dans 143 pages serrées comme on serre contre soi un souvenir d’enfance ou la photo de son père. C’est ce père-là qui transpire, qui ouvre le livre et le finit. Entre les deux, nous suivons les chemins de l’auteur le long d’un canal. Elle doit aller dans la nouvelle maison de ses amis mais avant d’apprivoiser ce nouvel environnement qu’elle redoute, la voilà dans les pas de sa propre enfance. L’image du père est punaisée au-dessus de ce livre objet, dans les pages douces qui se tournent avec bonheur, et l’on suit, comme ce chien que l’auteur rencontre et qui l’accompagne alors, la jolie musique d’une mélancolie à part. Il n’y a pas de regrets, pas de remords, il y a la juste dose d’un retour sur soi et d’une introspection sur ses propres chemins. Un régal de lecture. »