LE FIGARO LITTÉRAIRE, Anthony Palou, jeudi 28 janvier 2021


DE SI CHERS VOISINS.
Deux couples sympathisent jusqu’au moment où l’improbable survient.

Il y a d’abord cette histoire d’une chienne. En tous cas, Thierry et sa femme Élisabeth, ont fait le deuil de Jules. Déjà, c’est bizarre d’appeler une chienne Jules. Et ce n’est pas la moindre des bizarreries de ce roman de Tiffany Tavernier. Il est étrangement écrit et c’est ça qui est bien.

On comprend que l’intrigue se passe dans un trou paumé qui ne ressemble à rien. Thierry travaille dans une usine, non loin de là. Élisabeth – Lisa – est fière de son boulot d’infirmière.

En face de leur pavillon, un couple s’est installé, Guy et Chantal. Tout de suite, Élisabeth et Thierry se sont bien entendus avec eux – vous savez comment ça se passe entre voisins, on ne doute de rien. Thierry s’est lié à Guy, ils partagent les outils, et Élisabeth est devenue la confidente de Chantal.

Sauf que celle-ci semblait vraiment fragile. Un matin, Élisabeth entend de drôles de bruits. Le GIGN débarque chez leurs chers voisins. Thierry et sa femme interrogés, tombent de l’armoire lorsqu’ils apprennent à la télévision que sept adolescentes ont été violées et tuées par Thierry.

Indices
Et c’est là, mine de rien, que le roman se métamorphose. Car il dresse le portrait, non pas de Guy mais de Thierry, cet homme dépressif qui croyait en l’amitié de son voisin et qui ne cesse de ressasser son passé, de chercher des indices qui auraient dû l’alerter : les déplacements en camionnette de Guy et cette remarque à propos des insectes que celui-ci épinglait : « Tu sais quoi, Thierry, même le plus habile des criminels n’est pas capable d’une telle précision. »

L’Ami est un livre parfois maladroit. Il a le défaut et surtout les qualités de son sujet et c’est pourquoi il est touchant. Et c’est pourquoi il faut le lire, car il va vous réserver quelques surprises. On ne pourrait mieux dire.