LE JEUDI, Corina Ciocarlie, jeudi 6 décembre 2012


« Qu’elle était verte sa vallée… »

« L’art de la brièveté, dans sa version anglo-saxonne, n’est pas un secret pour Claire Keegan. À travers les champs bleus, son dernier opus paru chez Sabine Wespieser éditeur, en est la preuve par huit. […]
Bref récit intimiste, Les Trois Lumières (2010) évoquait la perte de l’innocence avec une économie de moyens qui n’était pas sans rappeler Jean Rhys ou Flannery O’Connor. Dans la même veine, les huits nouvelles regroupées sous le titre À travers les champs bleus multiplient ellipses, raccourcis et non-dits pour parler d’envoûtement et de sortilèges, d’inceste et d’adultère, de l’obscur objet du désir et de la chape de silence qui empêche à jamais de nommer les sentiments. […]
Les personnages Claire Keegan sont en même temps lunatiques et attachants, fragiles et intouchables. […]
Certains finiront par rompre les sortilèges, briser les tabous et oser, coûte que coûte, un voyage hasardeux vers nulle part ; d’autres se contenteront d’enchaîner, depuis le rivage, ces longues soirées d’hiver qui leur permettront de faire à la fois oublier et ressurgir le passé. »