L’EXPRESS, Delphine Peras, mercredi 5 mars 2014


« 3 raisons de lire Quatre murs »

« 1. Pour le quatuor
Une fratrie menée par Saul, l’aîné, Hélène, puis les jumeaux Réna et Élias, rassemblés en huis clos – une première depuis longtemps – dans les murs de la maison familiale que leur mère vient de vendre après la mort du père. Chacun a fait son deuil, sa vie. […] Les souvenirs affluent, les tensions affleurent.

2. Pour la partition
Deux ans plus tard, à la perspective de retrouvailles en Grèce, pays de leurs aïeux où Saul s’est établi, frères et sœurs doutent toujours des liens qui les ont unis. Des liens insidieux, ni incassables, ni infinis, assène Élias – quand sa jumelle estime que la fratrie est impitoyable. Réna s’interroge : Est-ce qu’on transforme le passé avec le temps ? Ou chacun le voit-il à sa façon ? Une question de laquelle découle le propos du livre : comment s’émanciper de ce passé à quatre, qui les a autant construits que déconstruits ?

3. Pour l’interprétation
Après une scène d’exposition éloquente, ce troisième roman de Kéthévane Davrichewy cède très vite la parole à ses personnages : aux deux aînés, successivement, sur le mode du monologue, puis aux benjamins, dans un dialogue à bâtons rompus, âpre, sans concession, alors qu’ils font le voyage ensemble. Soit autant de points de vue différents sur une même histoire familiale, chaotique, poignante. La romancière se fait à la fois dramaturge – on se croirait parfois au théâtre – et psychanalyste. Sans rien qui pèse ou pose. »