PAGE DES LIBRAIRES, Marie Hirigoyen (Librairie Le Jardin des lettres à Craponne), février-mars 2013


« Scènes d’un monde flottant »

« Extérieur nuit, une femme désorientée erre dans les rues de Paris noyées de pluie. Michèle Lesbre excelle dans l’art du récit de voyage intérieur, ce moment singulier qui rend perméables les strates du passé. […]

Et c’est bien cette fluidité, ce mouvement de la mémoire, fonctionnant par échos qui fait la singularité de Michèle Lesbre. De La Petite Trotteuse au Lac immense et blanc, elle continue d’explorer ces failles du temps d’où surgissent, comme par glissement, des pans entiers du passé. Elle affectionne les lieux intermédiaires et les lisières, comme les gares, les trains ou les plages qui symbolisent la fuite du présent, la sensation d’être dans un entre-deux provisoire. Les images des voyages passés reviennent aussi, la moiteur de Cuba et l’ombre d’Hemingway, Trieste, la ville-frontière fréquentée autrefois par Svevo et plus tard par Magris. Tout un théâtre d’ombres s’anime ainsi, tandis que la narratrice déambule dans les rues. […] Ce voyage au bout de la nuit parisienne, en une lente modification intime, agira comme un appel d’air vers la grâce des jours heureux, tremplin du désir de vivre à plein temps. »